vendredi 27 septembre 2013

"Peut-on exister sans faire d'histoires?" - Quelques indications pour un plan

Le plan qui va être exposé n'a pas d'autre utilité que de nous permettre de relier entre elles les idées et les références évoquées en cours. Il ne constitue en aucune façon le plan d'un "corrigé type" mais permet à celles et ceux qui ont besoin de voir clair dans la progression du traitement d'une question de saisir une dynamique qui, nous l'espérons, va sans cesse plus loin dans  la complexité du problème.

1) L'homme ne peut exister sans être un "faiseur d'histoires"
              a) parce qu'il n'est pas présent dans le monde mais présent à lui-même dans le monde (référence: Hegel - conscience et dédoublement)
               b) parce qu'il se donne une identité dans le décalage de l'imaginaire et du symbolique (référence: Freud - l'enfant à la bobine)
               c) parce qu'il est, dés sa naissance, détourné d'un monde physique pour être intégré à un monde du sens, de communication et de "décryptage" (référence: Alain - L'enfant parle avant de penser)
Transition: le cri de Munch (pour autant ce détournement n'en constitue pas moins un mensonge et le monde physique, brut existe toujours "avant" le monde humain des signes

2) L'homme n'existe vraiment que sans faire d'histoires
               a) l'épuisement de tout "vouloir dire" (référence: Peter Handke "Chevauchée sur le lac de Constance")
               b) Un monde absurde (référence: Albert Camus "l'Etranger")
               c) Le bonheur réside dans le sentiment d'autosuffisance de l'instant présent (référence Rousseau "les rêveries du promeneur solitaire")
Transition: Mais Meursault, aussi convaincu et convaincant soit-il de la teneur absurde de l'existence n'en est pas moins le personnage d'un "roman". Macbeth dit bien que "l'histoire est un récit plein de bruit et de fureur raconté par un idiot", mais c'est bien le terme de "récit" qu'il utilise et Faulkner reprenant exactement la formulation de cette citation écrit bien une histoire lorsqu'il décrit dans "le bruit et la fureur" la trame violente et crue d'une histoire si "folle" que seul un simple d'esprit nous permet de l'éclairer d'un regard exact et neutre. Rousseau lui-même prend la plume pour décrire un état tellement "extatique"et immergé dans l'instant qu'aucun récit ne semble pourtant pouvoir le restituer dans sa vérité. Ces auteurs nous décrivent des récits posant l'existence pure comme au-delà de tout récit. 
           Il semble donc bien qu'il y ait dans tout histoire, dans toute fiction racontée quelque chose qu'il est impossible de dépasser. Peut-être y-a-til derrière ce sens premier de l'histoire comme trame linéaire, action menée par des personnages qui se dirige vers un dénouement pour éventuellement nous suggérer une morale un autre sens plus subtil qui nous échappe encore.

3) Il faut distinguer l'histoire que les hommes font et celle qui les fait, celle dans laquelle ils se trouvent eux-mêmes "embarqués". Peut-être est-ce précisément quand, comme Camus écrivant l'Etranger, nous explorons la crudité d'une existence qui ne nous racontent pas "des histoires" au sens de mensonges, que nous touchons du doigt le nerf à vif de la véritable histoire: celle de l'aventure d'exister qui ne s'écrit qu'au présent, dans l'encre de nos impressions. ne serait-ce pas la vie elle-même qui dans son déploiement ne cesserait pas de faire des histoires au sens de "créer des embrouilles"? Le bio-généticien François Jacob décrivant les mécanismes cellulaires les plus subtils de la vie parle de "bricolage". Faire des histoires c'est entraîner des complications et il se pourrait bien que la complication décrive le moteur le plus efficient de la vie, au sens  biologique du terme. On ne peut pas exister sans faire d'histoires parce que faire des histoires est le leitmotiv le plus puissant de la vie.
              a) Le "bricolage" de la vie: la complexification cellulaire et les communications inter-règnes
           b) La stratégie d'enveloppement de l'expérience limite de la vie (référence Robert Anthelme "l'espèce humaine")
               c) Pénélope crée au coeur de l'épopée un temps de suspension qui fige momentanément le fil d'une certaine conception de l'histoire: celle de la gloire de son nom et de l'action épique, légendaire (les grecs attaquent Troie pour que l'on se souvienne de leurs noms). Elle tisse le jour ce qu'elle défait la nuit, explorant ainsi une dimension plus vraie, moins linéaire de l'histoire. Il n'est plus question ici de faire quoi que ce soit mais de se laisser porter par la complexité de l'aventure de la vie. (Référence: l'Odyssée d'Homère)

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