lundi 22 septembre 2014

"Faut-il préférer le bonheur à la vérité?" - Comprendre le problème

                 

 Pourquoi vivons-nous ? Pour connaître le fin mot de cette affaire qu’est l’existence ou simplement pour se réjouir d’être ? Devant une personne qui ne semble se préoccuper que de profiter de la vie, nous pouvons éprouver, à juste raison, une forme de gêne : il est impossible de vivre sans se demander d’où vient que nous existions. « Ce fut l’étonnement, nous dit Aristote, qui poussa les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. » La plupart des personnes de notre entourage nous donnent l’impression de vivre leur petite vie comme si elle leur était « due », comme si tout cela était « normal ». Nous vivons parmi les hommes et cherchons « une place » dans cette communauté, une utilité dans la société, une reconnaissance de la part de nos semblables. A bien y regarder, l’écrasante majorité de nos actions ne visent qu’à cela : être admis, intégré, ne pas nous singulariser par rapport aux normes de comportement de la communauté à laquelle nous appartenons, des mentalités qui s’activent dans l’exercice de ce qui en cours dans notre profession.
Il ne fait pas de doute qu’à force d’adopter ce type d’attitude, nous finissons par perdre complètement de vue jusqu’à l‘idée même que nous pourrions effectuer quelque chose « de notre propre mouvement » (en latin « sponte sua, spontanément, mais d’une spontanéité qui serait pleinement assumée par notre être). Pour être clair, nous préférons satisfaire le désir de vivre « une petite vie bien tranquille » à celui de savoir « qui nous sommes vraiment ». Nous vivons donc sans exister, c’est-à-dire sans assumer pleinement le fait de notre présence dans le monde.
Nous suivons des modèles de vie stéréotypés qui nous font adhérer à l’image que nous sommes censés renvoyer aux autres en fonction de notre âge, de notre sexe, de notre milieu social, de notre profession. Ce n’est pas qu’il soit forcément nécessaire de se distinguer de la majorité, ni que le ralliement à des idées adoptées par le plus grand nombre soit forcément mauvais, « l’opinion courante » ne dit pas que des bêtises, c’est plutôt que notre vie n’aura pas été « vraiment » vécue. Il y a un « sens » à vouloir grimper les échelons de la réussite sociale : celui d’avoir de l’argent, d’être reconnu, de pouvoir offrir à ses proches un certain confort de vie, de jouir du bonheur d’être quelqu’un aux yeux des autres ainsi qu’aux siens. Mais dans quelle mesure n’avons-nous pas sacrifié, au fil de cette ascension, notre être au paraître ? A quoi me sert-il d’être heureux si ce bonheur me touche moins « moi » que l’image de moi que j’ai projeté aux yeux des autres ainsi qu’aux miens ?
En même temps on peut se demander ce que veut dire « assumer pleinement le fait de notre présence dans le monde ». Nous naissons, vivons, mourons plus ou moins vite. La mort peut nous frapper à tout instant et rendre absurde, dérisoire le fait de notre existence. Si nous regardons vraiment la vie dans les yeux, nous ne pouvons être qu’angoissé, paralysé devant l’absence de sens de cette existence si fragile, contingente[1]. En ce sens, il faut préférer le bonheur d’une fausse certitude à la vérité parce qu’il a au moins ce mérite d’être stimulant, de donner un sens à ma vie même et finalement surtout si elle n’en a pas « vraiment ». 
Questions :
1)    Sur un tableau de deux colonnes, distinguez vivre et exister.
2)    Pourquoi est-il impossible d’adhérer complètement à l’attitude qui consiste à ne pas se poser de questions ? Pourquoi est-il tout aussi impossible de regarder la vie en face ?
3)    Exister : est-ce « normal » ? Donnez des exemples illustrant le poids du regard des autres dans notre vie.
4)    Reformulez le problème du sujet de la dissertation.



[1] Est contingent ce qui pourrait ou aurait pu ne pas être. Ce qui est contingent tient au hasard


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