dimanche 14 septembre 2014

Méthodologie de la dissertation (1)




1)    Le piège à éviter
Dans la vie courante, quand on nous pose une question, nous essayons d’y répondre mais, pour une dissertation de Philosophie, il faut se détacher de cette habitude. L’interrogation est simplement une façon de vous suggérer que, derrière cette formulation, se cache un problème. Imaginons un bâton que le maître lance pour que son chien aille le ramasser, la plupart des animaux bien dressés obéiront mais représentons-nous maintenant un chien « différent » qui, au lieu d’aller là où le bâton est tombé, se dirigerait vers celui qui l’a jeté et (supposons qu’il soit doté de parole) lui demanderait pourquoi il l’a fait. C’est un peu la même chose ici : nous ne sommes pas absolument tenus de répondre, disons que l’essentiel est de percevoir le plus vite possible que la question est complexe, qu’elle cache quelque chose. Quoi ? Une multitude de nuances, de contradictions. 


C’est comme une plante toute petite qui sort de terre mais qui, quand on la déracine, se révèle infiniment plus grande que nous le pensions au départ, parce que nous apercevons maintenant tous les rhizomes qui la constituent et la nourrissent. Bref, si au bout de vingt minutes de réflexion, nous ne distinguons qu’une seule réponse à la question posée le oui ou le non, il vaut mieux choisir un autre sujet.
2)    L’introduction
A partir de là, nous pourrions dire que finalement tout s’enchaîne. Si nous percevons, même vaguement, qu’il y a un problème, nous pouvons envisager de le formuler plus clairement. Cela peut se faire au travers d’un exemple, d’une situation très simple, très quotidienne. Préférer ne rien dire à un ami dont vous savez que sa petite amie est infidèle, c’est faire le choix de son bien-être et du votre. Mais c’est aussi considérer qu’il vaut mieux s’enterrer la tête dans le sable plutôt qu’affronter une difficulté en face. C’est un bon exemple de la question posée par le sujet : « Faut-il préférer le bonheur à la vérité ? », même si nous réalisons peut-être déjà que cela va plus loin : y-a-t-il forcément une vérité dernière dans cette situation ? Faut-il préférer la vérité des faits à la vérité « personnelle », subjective ? Est-ce vraiment de « bonheur » dont il est question ici ?
Nous disposons ainsi d’un premier élément pour l’introduction. Nous évoquons simplement ce cas de figure, en prenant soin de montrer les deux attitudes possibles, contraires et défendables. Cela dit, nous venons à peine de saisir la « plante » du sujet, nous n’avons mentionné qu’une « situation ». Il importe maintenant de commencer le long travail consistant à en explorer les racines et pour cela de donner une formulation plus précise, plus philosophique de ce que l’exemple n’a fait que « pointer du doigt ». A partir de cette situation, nous évoquons le plus précisément possible le problème qu’il illustre.

Cela nous permet de trouver la formulation la plus juste de la contradiction soulevée par le sujet. Nous terminons notre introduction par cette question qui doit exprimer mieux, c’est-à-dire de façon plus claire, précise et distincte le sujet. En résumé, l’introduction doit être pour nous d’abord une mise en situation « banale » du sujet puisée dans notre vie quotidienne, ensuite une problématisation plus précise, plus affûtée et surtout plus philosophique de la contradiction soulevée par notre première référence et enfin la formulation claire du problème contenu dans le sujet. Une introduction décrit donc un « trajet » en trois étapes qui nous permet d’aller du sujet au problème (Mise en situation / Problématisation / Problématique).

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