dimanche 3 janvier 2016

"Pouvons-nous lutter contre la bêtise?"


Le monologue du "gros con"- « Je me lève et, comme chaque matin, j’écoute la radio la plus écoutée des français : il paraît que le dernier film de Luc Besson est très bien, j’irai le voir. Comme ça, en plus, je pourrai en parler avec les collègues, pas comme Bertin, quel abruti celui-là ! Toujours tombé de la planète Mars ! Jamais au courant de rien ! Ah ! Les nouvelles maintenant : plus de cent morts dans un attentat à Bagdad. Ben oui, qu’est-ce que j’y peux ? C’est toujours pareil ! Il n’y a pas de limite à la connerie humaine ! Tiens ma pub favorite : des bons de réduction pour trois lots de shampoing achetés ? Super affaire ! J’en prendrai quand j’irai faire les courses. Faut pas laisser passer des occasions comme ça. Pas comme Bertin. Quel abruti celui-là ! Il dit qu’il n’écoute jamais les publicités. Faut pas s’étonner après d’être fauché avant la fin du mois.
Moi, je suis content de ma petite vie. Je prends le métro pour aller au travail : encore des SDF qui demandent de l’argent. J’ai un principe, je donne jamais : ils iront le boire de toute façon. Pour lutter efficacement contre la pauvreté, il faut que ça vienne d’en haut. C’est pas mon problème ! Et puis, ils n’ont qu’à trouver du boulot s’ils veulent manger. Tiens il y en a un qui va pas bien là ! Il était couché là aussi hier. Bon ! Moi, je ne veux pas avoir d’histoires, je vais garder les yeux dans mon journal à faire semblant de lire.

Une fois au bureau, réunion de l’ensemble du service, je vais me caler dans ma chaise favorite prés du radiateur, avec mon petit café. Le chef va parler mais j’en ai rien à foutre. J’ai l’air d’être là, mais j’y suis pas. Je suis un malin moi ! Je sais bien qu’il regarde les absents, je fais tout pour ne pas me faire remarquer. J’ai pas envie d’être marqué absent, mais c’est pas pour autant que je suis vraiment là. Je suis un rusé, je retrouverai mon petit bureau, je traiterai mes petits dossiers, comme je fais toujours et puis je prendrai l’apéro avec les collègues. La belle vie quoi ! Je ne me pose pas de questions, je fais ce qu’on me dit de faire, mais à l’intérieur je fais bien ce que je veux.
C’est quoi ce que je veux, au fait ? Suivre le train-train, pas me retrouver à la rue, dans la misère, et puis rentrer chez moi, le soir, regarder ma petite télé avec ma petite femme, boire des coups avec mes potes, être normal quoi ! Mais c’est quoi : être normal, au fait ? Faut que j’arrête avec ces questions débiles! Manquerait plus que je me prenne la tête ! Comme Bertin (quel abruti celui-là !) qui nous gonfle toujours avec ses questions pour savoir ce que ça veut dire : « réussir sa vie ». C’est pas compliqué, moi je dis ! Réussir sa vie c’est la gagner ! Point barre ! On ne va pas se triturer les méninges pendant 107 ans. C’est les intellos, les politiciens et les fonctionnaires qui nous mettent dedans de toute façon ! Informé de tout, curieux de rien : c’est ma devise. »


Questions :
1)    Quelles sont les caractéristiques permettant de considérer que la personne qui tient un tel discours est « bête » ? Reprenez chaque paragraphe dans le détail et justifiez votre réponse (si vous faites attention, vous vous rendrez compte qu’il y a des traits de caractère de la bêtise quasiment à chaque ligne)
2)    Vous reconnaissez-vous dans certaines des attitudes qui sont ici décrites (si cela peut vous mettre à l’aise, moi, oui !) ? Si oui, lesquelles ?
3)    Donnez votre définition de la bêtise, en vous aidant, ou pas, de certains traits présents dans ce monologue. Vous venez de désigner la maladie, déterminez maintenant le remède : comment lutter contre la bêtise ?
4)    Réussir sa vie, est-ce la gagner ? Commentez la devise : « Informé de tout, curieux de rien. »
5)    « Peut-on lutter contre la bêtise ? » Quel est le présupposé d’une telle question ? En quoi ce texte nous aide-t-il à traiter cette question ?

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