samedi 14 janvier 2017

"Peut-on avoir raison contre l'Etat? - Conseils détaillés pour la dissertation (Définition des termes)


Rédiger un paragraphe sur la définition des termes - Nous venons de rédiger l’introduction. Pourquoi cette question est-elle si difficile ? Parce que les deux termes interrogés ont de multiples sens, parce qu’ils sont le plus souvent utilisés de façon vague et, notamment sur l’Etat, qu’ils font l’objet de critiques maladroites incapables de cibler le concept qu’elles remettent en cause « à l’aveuglette ». Il est donc utile de consacrer un paragraphe à la définition des termes et à l’approfondissement de la problématique.

On a raison contre quelqu’un quand on parvient, sur le terrain de la raison, à prouver l’exactitude de notre thèse, de notre affirmation au détriment de la sienne qui « s’est ratée » dans  sa démonstration. On peut dire que Donald Trump a eu raison d ‘Hilary Clinton puisque il a remporté les élections mais cela ne signifie pas du tout qu’il ait eu raison contre elle, parce que ses arguments sont loin (très) d’être plus fondés que les siens (ce ne sont pas des arguments d’ailleurs). La question n’est donc pas ici de savoir si nous pouvons « battre » l’Etat, mais de réfléchir sur la possibilité de l’emporter sur cette machine rationnelle, sur le terrain qui est le sien, à savoir la rationalité même. Peut-on avoir raison contre l’Etat si l’Etat c’est justement ce qui installe entre les citoyens des relations qui ne sont pas de force mais de droit, c’est-à-dire fondées sur la Raison ? (on est sûr d’avoir trouvé la bonne problématique quand on a porté la formulation de la question à son maximum de difficulté, c’est peut-être le cas ici).

Mais qu’est-ce qu’avoir raison ? Dans un premier temps, c’est le contraire d’avoir tort, donc cela signifie être dans le vrai. Nous nous situons alors dans une perspective de vérité, d’objectivité, d’universalité. On a raison quand on dit à notre meilleur ami que sa petite copine a une aventure avec un autre et qu’en effet nous avons une preuve irréfutable de cette infidélité. On a raison parce que c’est vrai. Mais en même temps, il n’est pas certain que nous ayons raison de le lui dire, surtout si quelques jours plus tard nous apprenons qu’il s’est donné la mort. Qu’avons nous fait alors ? Nous avons manqué de discernement. Nous n’avons pas su analyser la situation avec justesse et subtilité, nous pourrions dire avec « bon sens ». Mais que désigne ce dernier terme ? Une sorte de sens inné de la juste chose à faire ou ne pas faire, une intuition suffisamment sensible de toutes les données d’une « affaire » pour distinguer clairement la seule attitude possible. Cela s’appelle aussi « le tact », le « savoir-vivre ». 

Finalement il ne suffit pas d’avoir raison (dire ce qui est) pour avoir raison (agir bien). On peut suivre rigoureusement la procédure adéquate pour trouver le bon résultat d’une équation, la solution pure, abstraite, théoriquement « exacte » (vérité) d’un problème et, à cause de cela, avoir profondément tort d’adopter l’attitude conforme à l’application stricte de cette procédure (existence). Il est souvent opportun, préférable, d’avoir tort.  Il y a le devoir et l’éthique. Je dois la vérité à mon ami, parce que c’est mon ami et que je ne peux supporter le fait qu’il soit dans l’erreur en croyant que sa copine lui est fidèle (Devoir) mais il me revient également d’être assez « prudent », intuitif, avisé, attentif pour ramener mes devoirs à la juste appréciation de cette situation là, de ce qu’il se passe en cet instant et de ne laisser dés lors aucune norme, aucun devoir de conformité à l’égard d’un modèle d’attitude imposé comme droit au regard d’un code préalable, prévaloir dans la juste attitude à tenir « maintenant » (Ethique).

Les choses sont beaucoup plus claires maintenant car l’Etat, c‘est précisément ce qui s’impose au citoyen sous la forme du Devoir. En tant que partie de cet ensemble, nous avons le devoir de respecter tout ce qui lui permet de faire tenir ensemble « tous les citoyens ». Nous ne pouvons pas avoir raison contre l’Etat. Il nous faut passer par l’abstraction du devoir à l’égard de l’Etat pour accéder à cette dimension abstraite de nous-mêmes qui nous permet de ne pas nous laisser dépasser par notre sensibilité. Ce que nous devons à l’Etat nous permet de réaliser ce que nous nous devons à nous-mêmes : la liberté, l’autonomie, la vérité (Devoir). Mais nous pouvons avoir raison contre l’Etat si l’attitude requise par une situation unique implique une solution unique, inédite, inconceptualisable en fonction de critères préalables (Ethique).

Comment définir l’Etat ? Il est absolument nécessaire de se détacher radicalement de toute personnalisation. L’Etat ce n’est pas les hommes d’état. Ce n’est pas non plus tel ou tel Etat. Le « L’ » est vraiment essentiel. Comme nous l’avons vu dans un article précédent, l’Etat se caractérise par trois traits fondamentaux: l’autorité (l’état suppose une hiérarchie), l’administration (il gère les rapports d’une population sur un territoire – Généralisation, globalisation) et le contractuel (ou le symbolique : l’Etat impose un détachement à l’égard du naturel, du physique, du sensible).

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