dimanche 21 mai 2017

Préparer l'épreuve écrite de Philosophie du Baccalauréat 2017


(Il n’est jamais facile de se préparer psychologiquement à une épreuve d’examen. Le plus simple, comme nous le conseilleraient les Stoïciens, est de clairement faire la part entre les aspects sur lesquels nous pouvons agir, en tant que candidat, et ceux qui ne sont en aucune manière de notre ressort. C’est ce que cet article essaie le plus rigoureusement possible de lister)

1)    Ce que l’on sait
- Il y aura trois sujets (les deux premiers seront des sujets de dissertation, le troisième une explication de texte)
-  Ils porteront nécessairement sur les notions du programme
-  L’épreuve dure quatre heures
-  La correction des copies du Baccalauréat (sujets, critères de correction, notation) fera l’objet d’une discussion collégiale entre tous les correcteurs de l’Académie)

2)    Ce que l’on ne peut pas savoir à l’avance
-       L’énoncé des sujets
-       Qui vous corrigera (s’agira-t-il d’un homme ou d’une femme ? Gentil, pas gentil ? De bonne ou de mauvaise humeur ? Pourquoi ne pas se détacher complètement de ces questions débiles ?)
-       La note (autant ne pas remâcher sans fin ce que vous avez fait, une fois que cela a été écrit et rendu)



3)    Sur quoi peut-on miser ?
Il existe des critères de correction dont on sait très bien qu’ils seront appliqués à notre copie. C’est en fonction d’eux qu’il faut aborder l’épreuve :

-       Traiter le sujet (c’est un effort continu qui requiert une attention constante. « Est-ce bien le sujet que je traite ? » est une interrogation à laquelle il nous faut toujours soumettre nos développements)
-       Un minimum de considération de la matière (il est malheureusement possible qu’un élève de terminale n’ait pas vraiment saisi pendant l’année scolaire, la différence entre une idée ou une thèse philosophique et une opinion (« moi je pense que… »). Il aborde donc l’épreuve en croyant qu’il s’agit de « parler d’un thème », voire de « dire ce qu’on pense de… ». C’est très mal engagé. Il faut réaliser qu’un sujet est comme une fusée dont il convient d’affûter la silhouette jusqu’à en faire une « tête chercheuse ». En fait, cette tête chercheuse, c’est exactement ce à quoi notre dissertation doit ressembler. Plus on émousse cette pointe, plus on court le risque d’une mauvaise note).
-       Des références philosophiques plus maîtrisées que forcément nombreuses, plus approfondies que simplement évoquées, plus impliquées dans notre argumentation que gratuitement « plaquées ».


-       Un minimum d’endurance dans le traitement du sujet (la force d’inertie s’exerce sur tous les objets de notre planète et l’on ne voit pas pourquoi elle ne s’activerait pas aussi sur ce travail de réflexion. Il est évident que les idées que nous aurons trois heures après avoir pris connaissance du sujet seront meilleures que celles qui nous sont venues dés sa lecture, à condition que nous ne pensions pas à autre chose pendant ces trois heures. Il suffit donc que nous maintenions notre pensée sur cet énoncé constamment, qu’il devienne un leitmotiv, comme un « mantra », une formule gravée dans notre esprit, un crible à partir duquel toutes nos idées, nos références, nos argumentations doivent prendre forme.

4)    Ce qu’on doit faire une fois les sujets donnés
-       S’impliquer, au sens étymologique de ce terme : « se mettre dans les plis de… ». Il convient d’entrer dedans en se détachant complètement de l’idée d’en sortir. La question n’est pas posée pour que nous y répondions mais pour que nous la traitions.
-       Choisir en se demandant pour les sujets 1 ou 2 si nous percevons la dimension problématique de l’énoncé et pour le sujet 3 si nous comprenons en quoi ce texte est UN texte (il ne défend qu’une seule thèse)
-       S’organiser de la façon suivante : 


Au bout de 15 mn (au +) il faut avoir choisi
1h : sur le brouillon, écrire toutes les idées, références, citations « en vrac » en s’efforçant peu à peu de relever une démarche progressive allant des idées les plus simples au plus complexes, plus nuancées, plus subtiles.
1h30 : Il faudrait disposer d’une introduction et d’un plan rédigés au brouillon. On écrit donc directement sur la copie d’examen. (Si au bout de deux heures, on n’a toujours pas commencé à rédiger sur cette copie, il faut s’imposer de le faire, sans état d’âme)
3h30 /3h45 : Il convient de s’arrêter, de considérer sa copie en la comparant au plan initial. Elle a peut-être suivi d’autres pistes que celles qui étaient envisagées au départ. Ce n’est pas forcément mauvais signe, les idées nous venant au fil de l’écriture étant loin d’être les plus mauvaises. Mais il faut penser à la conclusion et donc fignoler les tout derniers paragraphes pour donner l’impression d’une réflexion qui n’a pas cessé de progresser et qui parvient à exprimer à l’égard du sujet un esprit de nuances clair et construit (il se peut que ce soit bien plus qu’une impression si tout s’est bien passé). La conclusion est plus facile à rédiger que l’introduction, mais il faudrait également se garder un temps de relecture pour corriger les éventuelles fautes d’orthographe et les oublis (quand on écrit tout en pensant à ce qu’on écrit, il se peut que notre pensée aille plus vite que notre main)

5)    Ce qu’on ne doit pas faire une fois l’épreuve terminée
-       Consulter des corrigés publiés sur la toile (ils sont souvent faits par des enseignants de Philosophie et le bac de Philosophie n’est pas une épreuve visant devenir professeur de cette matière – Cette lecture suscitera probablement en vous le sentiment de n’avoir pas dit ce qui était attendu alors qu’il n’existe pas de corrigé fiable d’un sujet de philosophie (puisque le sujet n’attendait pas de réponse)
-       Réécrire votre copie (si vous croyez au multivers, vous avez forcément un clone qui l’a fait, donc ça va : vous avez exploré toutes les variables envisageables de cette situation)
-       Chercher midi à quatorze heures (d’abord parce qu’il n’y sera pas, ensuite parce que vous aurez deux heures de retard à tous vos rendez-vous, c’est ballot !)

6)    Ce qu’on doit faire
-       Penser à autre chose
-       Penser à autre chose
-       Penser à autre chose


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