jeudi 7 septembre 2017

Méthodologie de la dissertation (Sujet 1 et 2 du baccalauréat)



1)    Comment aborder les sujets et en choisir un ?

Deux dispositions d’esprit sont absolument nécessaires pour aborder l’épreuve de philosophie, le jour du baccalauréat :
-       Abandonner totalement l’idée commune selon laquelle on nous pose une question pour que nous y répondions le plus vite possible, de façon définitive et tranchée. Ce que l’on nous demande, c’est de réaliser sa finesse, sa subtilité, de rentrer de plain pied dans son épaisseur problématique en contrariant le réflexe habituel qui consiste à se décourager quand on se rend compte que certains arguments sont susceptibles de renverser totalement les thèses que nous sommes en train de défendre. Il ne s’agit même pas de se faire son opinion sur un sujet, il s’agit de comprendre à quel point la réponse est impossible. Ce point est fondamental, de nombreux élèves se découragent précisément quand ils sont en train de rentrer dans le sujet, c’est-à-dire quand ils s’aperçoivent de la profondeur de l’ambiguité de la question. Une expression leur vient alors : « Mais on ne s’en sortira jamais ! » C’est exactement ce sentiment qu’il faut accueillir, travailler, prendre au pied de la lettre parce que c’est vrai : si on nous pose cette question, c’est parce qu’on ne peut pas « vraiment s’en sortir ». Nous allons explorer avec précision toutes les strates de cette complexité, essayer le plus possible de voir clair dans cette confusion, mais il importe évidemment de la reconnaître et de ne pas prendre peur lorsque l’on commence à percevoir la difficulté d’une question. L’embarras devant un sujet, C’EST le sujet. Par conséquent, nous possédons un critère sérieux de choix d’un sujet : plus la réponse nous semble évidente, exclusive (vous n’en voyez qu’une seule), tranchée, plus nous sommes à côté. Il importe de se souvenir de la phrase de Flaubert : « la bêtise consiste à vouloir conclure ». Nous pouvons comparer la réception d’un sujet à la croissance d’une plante qui se développerait et nous envahirait avec la multitude de nouvelles pousses : « mais cette question elle peut signifier cela, auquel cas, on pourrait envisager telle réponse mais en même temps ce mot signifie aussi cela, alors la réponse précédente n’est plus valable, mais alors….Et ainsi de suite : la question déploie toutes ses ramifications. Nous pouvons en ressentir un sentiment de panique. C’est là qu’il faut au contraire se rassurer car le sujet s’enracine dans notre esprit, il le déborde. C’est parfait, laissons-nous déborder « lucidement », c’est-à-dire en notant toutes les directions que prend le problème.
-       La deuxième disposition est la conséquence de la précédente. Si on ne se sort pas d’un sujet et si notre dissertation doit être précisément l’expression écrite de la réalisation de son épaisseur problématique. Alors cela signifie que nous n’en avons jamais fini. N’avoir plus rien à dire sur un sujet de Philosophie est tout simplement impossible. Si nous arrivons à une telle impasse, à un mur, c’est que nous l’avons raté. Il nous faut non seulement l’avoir perpétuellement en tête, mais aussi comprendre que la nature de l’effort qui nous est demandé est celle de la concentration. Il y a dans l’activation d’une pensée sur un problème une partie dont nous nous rendons compte et une autre qui s’effectue, progresse plus souterrainement. Toute pensée qui se focalise quatre heures de suite sur une question  génère forcément de meilleures idées à la fin qu’au début. C’est un exercice d’endurance. Il n’y pas d’inspiration à attendre, pas de jugement à édicter sur la beauté d’un sujet sa rudesse, etc. Choisissons le sujet dont la profondeur et l’ambiguité nous captivent suffisamment pour que l’idée de passer quatre heures à ne penser qu’à lui s’impose à nous simplement mais aussi pratiquement. En d’autres termes, ce qu’il convient d’avoir en tête dans le choix du sujet c’est l’idée suivante : « c’est précisément parce que je réalise qu’on ne peut pas répondre à cette question que je vais la traiter. Je comprends précisément tout ce qui fait qu’elle me met dans l’embarras, et c’est cette gêne, cette difficulté qu’il convient d’exprimer avec le plus de clarté, de nuances et de subtilité possible.

2)    L’utilisation du brouillon  (la problématique et le plan)

a) La problématisation
De nombreux maîtres dressent leur chien à aller chercher la balle qu’il lance. Considérons le réflexe de répondre immédiatement aux questions que l’on nous pose comme un conditionnement similaire et représentons-nous un chien doté de la capacité à parler qui, au lieu d’aller chercher la balle, irait demander à son maître pourquoi il l’a lancé, ou encore décomposerait le geste du lanceur plutôt que de s’intéresser à la balle (qui symboliserait la réponse). Sans aucun doute, ce serait un chien philosophe (comme Diogène). Cette situation nous permet de poser la distinction entre un sujet et un problème. Le premier est la question littérale que l’on nous pose, le second est le paradoxe implicitement compris dans le sujet et à partir duquel il est aussi difficile, complexe, insoluble.
Par exemple, le sujet : « Puis-je savoir si j’aime ? » pose une simple question qui n’a « l’air de rien », mais un minimum de réflexion nous permet de réaliser que ce qui donne sens à cette question en amont, c’est le fait que la force et la nature irrationnelle, imprévisible, absolue de la passion amoureuse ne permet pas que nous nous en distancions, que nous en prenons conscience. Mais alors si je ne peux pas me rendre compte que j’aime, suis-je vraiment « l’auteur » de cet amour, suis-je concerné par lui ? Me touche-t-il vraiment, « moi » ? Faudrait-il soutenir qu’un amour est d’autant plus authentique qu’il demeure indétectable au « radar » de ma conscience, de mon statut de sujet (d’où l’importance ici du pronom personnel : « Je ») ? L’amour est-il un sentiment assignable à un sujet doté de conscience ? Dire « j’aime » a-t-il un sens si par ce « je », nous entendons l’initiateur d’une action ?
Il s’agit de remonter à la source problématique du sujet plutôt que de se laisser incliner par la pente de sa réponse. D’où vient qu’une telle question (le sujet) puisse effectivement se poser et surtout avec une telle ambiguité, avec une telle profondeur problématique ? Du sujet au problème, nous passons d’une formulation simple, presque courante à une formulation philosophique. Cela signifie que le correcteur percevra très vite dans la problématique (qui figurera à la fin de notre introduction) tous les acquis d’une année de terminale (dans « Puis-je savoir si j’aime ? » il n’y a pas d’évocation littérale de la conscience, du sujet, de la passion, du désir, etc. mais ces notions sont pourtant présentes. Il s’agit donc non seulement de faire la preuve que nous sommes capables de saisir philosophiquement une question posée dans un langage courant, de passer de l’implicite à l’explicite mais surtout de ne pas voir dans une question un problème qui ne n’y serait pas contenu. Cette extraction du problème dans le sujet est décisive pour éviter le hors sujet. 


C’est donc un travail assez déterminant pour être entrepris au brouillon, notamment parce qu’il consiste évidemment à approfondir la compréhension et le sens d’un énoncé mais aussi à reformuler l’interrogation. Il faut que nous considérions notre problématique comme un enrichissement de la question, un affleurement à la surface de toutes les notions philosophiques enfouies dans la question du sujet, mais aussi que nous soyons certains qu’il n’y a pas de « ratés » : c’est bien cela le fond philosophique de ce qui nous est donné.
Ce travail de problématisation n’a pas pu s’opérer sans déjà susciter en nous une multitude de questionnements, de perspectives, d’exemples, de références. C’est finalement cette multiplicité de « pousses », qui croissent à partir du sujet dont il a été question. Il importe de les écrire sur le brouillon, en suivant l’ordre dans lequel elles nous viennent à l’esprit, même si cela nous apparaît plutôt comme un désordre (pour un travail à faire à la maison, cette phase doit s’opérer le plus vite possible et à intervalles réguliers – On peut collecter des idées ici ou là, en regardant un film, en lisant un livre, en écoutant telle ou telle idée évoquée en cours).
On obtient ainsi un « fouillis » de notes, références, exemples ou mieux encore de significations différentes susceptibles « d’essaimer » du sujet. Il est très probable dans le développement de ce « moment » que les premières idées évoquées soient moins approfondies que les plus récentes. On peut faire confiance au temps. Cela signifie que dans l’élaboration au brouillon de notre plan, on doit pouvoir tenir compte de cette progression. Si on mène cet effort avec constance, on s’aperçoit que beaucoup de chemin est parcouru des toutes premières pensées aux toutes dernières. Quelque chose de ce chemin doit imprégner l’esprit de notre plan.
 
b)    Le plan

Deux types de plan sont envisageables : si l’on peut répondre par oui et par non, il est possible de classer, dans un premier temps, toutes les idées, tous les arguments, tous les exemples selon qu’ils contribuent à apporter une réponse positive ou négative à la question. On parle alors de plan de type dialectique. Il convient néanmoins de prêter une grande attention à trois aspects de ce plan :

-       Il faut s’interdire des formulations simplistes et caricaturales du type : « nous allons aborder dans un premier temps la partie oui avant de développer la partie non. » Nous ne choisissons pas ce type de plan parce que nous l’imposons de toute force à une question mais parce que nous estimons que le sujet s’y prête. Il importe de formuler les positions qui correspondraient à la réponse positive et à la réponse négative. Par exemple sur le sujet : « Puis-je savoir si j’aime ? », la thèse qui s’appuie sur le oui correspond à l’affirmation suivante : un sentiment amoureux dont je ne prendrai pas conscience serait pauvre, dénaturé parce que non assumé. Comment pourrais-je aimer si je n’étais pas engagé dans cette action d’aimer. Il faut donc que ce soit une action, et non une passion. » L’antithèse qui se situerait du côté du non utiliserait au contraire des arguments du type suivant : « un amour que nous pourrions revendiquer comme « notre » serait clair, énoncé, adressé à l’autre, volontaire, ce qui ne peut d’aucune façon rendre compte du trouble et de la confusion inhérents à ce sentiment. L’amour est une affection trop profonde pour être exclusivement assimilé à notre conscience (laquelle ne peut se concevoir autrement que superficielle, en surface)

-       Il faudra nécessairement une troisième partie qui dépasse les deux précédentes, c’est-à-dire qui manifeste clairement que l’opposition se produit dans une certaine acception de la question qui manque peut-être de subtilité, de profondeur. Dans la tragédie de Racine, Phèdre déclare : « que ne puis-je savoir si j’aime ou si je hais ? » L’important n’est pas d’aimer ou de haïr mais l’intensité du sentiment, quelle que soit sa nature, que l’on voue à l’autre personne. Phèdre aime et hait Hyppolite. A cette intensité, il est possible de prêter attention.

-       Ce type de plan peut parfois manquer de subtilité notamment si l’énoncé peut se prendre en de multiples sens. Il peut favoriser en nous le développement d’une disposition à la caricature. On veut tellement les classer dans la thèse ou dans l’antithèse qu’on les simplifie au lieu de les approfondir. Il crée dans notre pensée une sorte de protocole d’interrogatoire qui ne prête pas suffisamment attention aux éléments utilisables (cet argument est dans le oui ou le non ?). Il convient donc de se méfier de l’adoption systématique de ce type de plan.






L’autre modèle de plan est dit « progressif ». Il consiste à retravailler la formulation du problème pour comprendre tous les différents sens qu’il est susceptible de revêtir, ou bien à dégager ces sens différents de tout le matériau déjà rassemblé dans notre travail de « défrichage ». Ainsi « Puis-je douter de moi-même ? » peut vouloir dire : « est-il possible de remettre en cause ses capacités, de ne pas être sûr d’être à la hauteur d’une tâche ? » mais aussi « Puis-je douter d’avoir un moi qui soit unique, « même », exclusif, puis-je douter d’être une seule personne ? » ou encore « puis-je douter du fait que j’existe ? » « Douter de soi, n’est-ce pas précisément mettre en œuvre une capacité qui prouve que j’existe ? », etc. Cette compréhension des différents sens du problème n’est pas facile, mais, si elle est bien conduite, elle dessine un plan. Il ne nous reste qu’à classer ces différents sens qui ne se recoupent pas en commençant par le plus simple et en allant vers le plus complexe, le plus subtil, le plus profond. On progresse ainsi dans l’épaisseur problématique d’un sujet, ce qui correspond exactement à ce que nous devons faire.
Dans le cadre de l’épreuve du baccalauréat (4h), il convient évidemment de construire un plan mais de ne pas se l’imposer de façon trop impérative. De nouvelles idées, références ou significations du problème viendront au fil de la plume, et probablement de qualité. Il faut leur faire place et ne pas hésiter à modifier notre plan si nous nous apercevons que ces nouveaux arguments sont meilleurs que ceux que nous avions développé au début. La construction du plan nous permet d’éviter le hors sujet et de progresser du plus simple au plus subtil. Il ne faut pas s’y enfermer mais le considérer comme une structure souple ouverte à la nouveauté. Rien ne nous oblige à annoncer notre plan dés l’introduction.
3) L’introduction
Mais alors à quoi doit ressembler notre introduction ? Elle témoigne de notre capacité à accomplir trois opérations essentielles :
-       Cette question se pose à chacune et à chacun dans la réalité quotidienne de nos vies. On peut relever dans telle ou telle situation courante de l’existence (pas la notre en particulier, celle de tout un chacun) sa présence, même à un niveau qui reste superficiel.
-       La question fait donc signe d’un paradoxe. Il faut remonter à sa source pour trouver ce paradoxe (c’est ce que l’on appelle problématiser).
-       Il convient de formuler ce paradoxe de la façon la plus claire et la plus nuancée possible (c’est la formulation de la problématique) 


Rien ne peut être pire que de commencer notre introduction par : « ce sujet nous interroge sur… » ou « il est question ici de… ». Il n’y a pas d’ « ici » ni de « sujet ». C’est à nous qu’il revient de montrer que la question se pose dans la vie concrète, quotidienne en partant de ce niveau et en décrivant une situation, un exemple, une expression extraits de la vie de tous les jours. Il faut partir du sens commun. C’est le premier temps de l’introduction. Le second doit marquer une rupture avec cette dimension. Le philosophe questionne là où nous avons tendance à résoudre ou à évacuer le problème. Nous avons pointé une situation, nous sommes sûrs qu’elle est un exemple de réalité dans laquelle le sujet qui nous est proposé se manifeste. Il nous revient donc de donner à cette contradiction que la plupart des gens ne voient pas toute son ambiguité en la formulant clairement. Il y a là un problème. Loin de l’éviter, nous devons le percevoir, l’exprimer avec une application (presque sadique) à décrire son caractère difficile, inextricable. Il est étrange que la majorité des gens ne voient pas cette difficulté. En un sens, c’est très compréhensible car ce problème est tellement « prenant » que nous préférons, dans la vie courante le dissimuler et retourner à nos petites affaires. C’est à ce moment là que nous devons nous abstenir de vouloir sortir du sujet. Il faut que notre travail de problématisation montre vraiment à quel point on ne peut pas s’en sortir parce que la réponse positive et la réponse négative sont tout aussi pertinentes l’une que l’autre.
Une fois ce travail de problématisation effectué, nous devons rédiger une ou plusieurs questions qui décrivent de façon claire, efficace et précise ce problème que nous venons de mettre à jour. Cette troisième et dernière étape de notre introduction est déterminante. En la lisant, notre correcteur saura si nous avons compris le sujet ou non.
4) Le style d’écriture
Avant d’évoquer le contenu de ce que nous allons écrire, il faut s’interroger sur la mise en forme, sur le style de l’écriture philosophique. La plus grande difficulté de ce type de rédaction est le renoncement à toute limitation du propos à son avis, son existence personnelle, ou à sa situation. Toute phrase qui commencerait par : « A mon avis… », « de mon point de vue… », à la lumière de ma propre expérience » est à bannir résolument, car nous n’y prenons pas le risque de la réflexion, nous tombons dans l’illusion de penser qu’il suffit qu’une opinion soit mienne pour être admise, ou digne de figurer dans un travail de réflexion.
Pour les mêmes raisons, toute utilisation du « Je » est soumise à cette condition d’exprimer un « je » universel, celui de tout le monde, et pas le notre en particulier. Ce que nous écrivons doit pouvoir être compris, voire admis par le biais de l’argumentation par tout le monde en tout lieu et en tout temps. L’utilisation de connecteurs logiques est donc impérative pour marquer le lien entre nos phrases.
Ce dernier point est fondamental. Aucune phrase ne doit apparaître aux yeux de notre correcteur comme sortie de nulle part. Elle est contraire rendue possible par la précédente. Elle y était déjà contenue mais vous l’en retirez explicitement. Ce processus d’extraction de l’implicite par l’explicite est crucial. Votre correcteur vous suit ainsi avec clarté et aisance. En un sens, il ne peut pas faire autrement. La logique d’une argumentation (c’est-à-dire le fait que toute phrase est la conséquence de la précédente et la cause de la suivante) doit prévaloir dans notre esprit à nos convictions, à nos préjugés, à nos présupposés. Il ne faut pas passer à côté de ce qui peut être le plus gratifiant dans une dissertation, à savoir de s’apercevoir qu’un travail de réflexion nous a permis de dépasser complètement ce que nous croyions au début.
5) Comment rédiger des paragraphes ?
Une dissertation se compose souvent de trois parties (mais il n’y a aucune obligation sauf pour le plan dialectique). A l’intérieur de chacune d’elle il y a des sous-parties, c’est-à-dire des éléments d’argumentation importants. Plusieurs paragraphes se succèdent donc à l’intérieur de chacune des parties. Un paragraphe défend une idée, laquelle nous semble assez déterminante pour justifier que nous lui consacrions 10, 20 ou 30 lignes. Que fait-on exactement dans un paragraphe? On argumente cette idée, on peut lui opposer une objection, la prolonger par ses implications, l’essentiel est que cette thèse soit défendue, traitée, examinée dans une ou plusieurs directions apportant quelque chose de nouveau pour le sujet. Que cette thèse soit celle de tel auteur philosophique est très important à préciser (référence). Dans ce cas, c’est le raisonnement de Platon ou Descartes que nous décrivons mais avec nos mots. L’idée d’un auteur est maîtrisée quand nous sommes capables de la décrire par nous-mêmes.
Un paragraphe peut reprendre la proposition défendue par le précédent et la questionner explicitement (« Mais alors la question se pose de savoir si… »). Il convient donc de traiter cette question en utilisant des auteurs si possible, ou en affinant la question jusqu’à ce que des éléments de réponse finissent pas s’imposer au fil de l’argumentation. Il est alors possible d’illustrer les thèses défendues par un ou plusieurs exemples sans oublier qu’un exemple ne prouve rien en soi. Il y a des situations de la vie courante qui illustrent telle ou telle thèse mais ce n’est pas parce que quelque chose se produit dans la réalité que l’on peut en conclure quoi que ce soit de fondé (ce qui suppose une universalité). Ce qui prime dans un paragraphe, c’est qu’il apporte quelque chose de nouveau et de justifié, que ce soit par le biais d’un auteur ou d’une argumentation solide, et si possible les deux. Les exemples, les citations, sont facultatifs. Il importe donc que qu’il se termine par l’expression claire de cette avancée.
6) Transitions, exemples et références

Il serait vraiment fâcheux que notre travail donne l’impression d’une dispersion. Nous devons au contraire suivre un fil directeur « serré », rigoureux, celui-là même que notre problématisation a exprimé. Cela suppose qu’au fur et à mesure que nous avançons, nous suivons le cours des implications contenues dans les propositions examinées. C’est simplement une question de concentration, de logique et de « bon sens ». Si tel auteur ou notre enseignant nous aide en vous fournissant des éléments, il faut que nous comprenions vraiment non seulement leur contenu mais aussi le lien avec la question, à quoi cela s’articule. Tout paragraphe doit donc commencer par une question ou un connecteur logique qui suit le précédent. Pour justifier que nous passions d’une partie à une autre, il faut que nous soyons dans le sujet et aucunement que nous exprimions un souci méthodologique du style: « il convient maintenant que nous passions à la 2e partie ». Ce serait très maladroit. La transition prouve que vous réfléchissez authentiquement, maintenant. Nous ne sommes pas en train de suivre un listing de références, nous appliquons notre réflexion à un problème.
Les exemples prouvent que nous comprenons assez ce que nous développons pour faire le rapprochement avec des situations de la vie courante ou avec des scenarii de films. Ils ne démontrent rien mais font parfois naître de nouvelles pistes. Les éléments que nous avions dégagés par le raisonnement s’incarnent alors dans un moment de la vie réelle. C’est plus clair et cela prouve que nous ne parlons dans le vide.
Les références sont cruciales. Evoquer les prises de position argumentées des auteurs, c’est bénéficier d’un appui considérable. Que nous y adhérions nous-même ou pas du tout ne doit pas entrer en ligne de compte. Tout philosophe « reconnu » décrit une prise de position cohérente et argumentée sur un sujet, c’est un support sur lequel nous pouvons vraiment nous appuyer à condition de l’exprimer sans le trahir.

7) Rédiger la conclusion

                               « La bêtise consiste à vouloir conclure » - Flaubert: faut-il en déduire qu’une conclusion serait forcément bête? Non car notre dissertation n’est pas interminable, même si le problème abordé est rigoureusement insoluble. Nous avons bien rendu compte du fait que ce sujet avait plusieurs strates de significations, qu’il était complexe et nous avons exploré cette consistance «étagée». Par conséquent un certain chemin a été parcouru et c’est de ce « trajet » qu’il faut donner idée en conclusion: « Nous sommes partis de cette thèse selon laquelle….ce qui nous a amené à considérer…. ». Nous récapitulons les points importants de notre travail.
Puis, nous formulons, en toute humilité (« Il semble que… », nous pouvons en déduire que… », bref pas de formule trop tranchée) ce qui nous apparaît moins comme la réponse vraie que comme la perspective la plus intéressante, en exprimant toutes les nuances à la question que nous avons relevées dans notre dissertation.


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