samedi 17 mars 2018

Situer la Cité par rapport à la distinction Etat/ Nation / Société


Etat :   Communauté légale – Lois – Regroupe des citoyens – Territoire (Frontières / sédentarité / propriété) – Liberté, Egalité (pour un Etat républicain) – République (Res Publica : services publics : Santé, Sécurité, Education, Allocations, infrastructures – Administration – Centralisation – Neutralité – Laïcité – Universalité – L’Etat est une instance dont le rôle et la fonction est d’accueillir tout homme s’engageant à respecter les lois sur un territoire donné, sans aucune référence ni privilège à sa langue, sa religion, sa culture. La laïcité ne peut pas faire l’objet d’une revendication nationaliste car elle se définit par rapport à un idéal d’universalité (on est homme avant d’être chrétien ou musulman) - Agape[1] - L’Etat induit une certaine référence à la notion grecque d’ « organon » en ce sens qu’elle désigne un ensemble organisé. Chaque citoyen accepte de se concevoir lui-même comme la partie d’un ensemble. La notion de société reprend cette référence à l’organon en le hiérarchisant par rapport à des fonctions sociales.

Nation :   Communauté d’appartenance – Traditions – la nation fédère un Peuple, elle est l’âme d’une culture et désigne la relation nourricière et matricielle que l’individu entretient avec un « sol » qui n’est pas territorial (on emporte avec soi son appartenance à sa nation, à sa religion, à ses traditions, à sa culture- La nation peut donc être nomade (le nomadisme peuvent d’ailleurs conforter l’appartenance et l’affirmation de l’esprit d’une nation : les Touaregs, les Indiens d’Amérique du nord, les Tziganes, Roms, Gitans, Manouches : c’est parce qu’ils n’ont pas de terres qu’ils pérennisent un mode de vie) – Relation de filiation affective et sensible à la Nation Mère (vient du latin « natio » qui désigne les petits d’une même portée). 
La nation n’implique pas une organisation, mais plutôt une énergie, un élan (Grec : ergôn), l’unité d’un même mouvement, d’une communauté « d’âme » - Nietzsche reproche à l’Etat, « monstre froid plus froid que tous les monstres froids » de signer l’arrêt de mort des Peuples. En même temps, il nous faut réaliser tout ce que l’idéal d’universalité visé  et impliqué dans la notion de lois, d’égalité et de services publics peut apporter comme vent d’évolution et de liberté par rapport à des traditions nationales ancestrales éventuellement aliénantes pour les individus (notamment le droit des femmes) –  Eros

Société :   Communauté d’intérêt – La société réunit des membres liés par un contrat implicite ou explicite (ils sont reliés par des règles, des habitus) – La société désigne la transition de l’être humain vers « LA » culture , par opposition à « UNE » culture, laquelle désigne l’appartenance à une nation par distinction à d’autres cultures – Pour vivre au société il faut se rendre utile à la collectivité, à ce qu’on appelle le « vivre ensemble » (on peut donc marquer le rapport avec l’organon grec dans une perspective plus sociale que légale (Etat) – Philia.



Comme la justice, l’Etat est aveugle, il ne fait pas droit aux singularités, aux exceptions, aux affects, mais il applique rigoureusement des principes d’égalité et de neutralité. Il importe que nous, citoyens, réalisions parfaitement cette caractéristique de l’Etat : quand nous reprochons à un haut fonctionnaire d’avoir détourné de l’argent public à son profit, nous ne critiquons pas l’Etat, nous l’appelons de nos vœux. De même, quand les citoyens d’un pays jugent durement les services publics, ils ne se rendent pas toujours compte que loin de viser l’État, leurs récriminations cachent la volonté d’un État plus présent, « sur tous les fronts ». C’est le plus souvent au nom de l’État (du devoir-être de l’État) que l’on se plaint contre l’État.
Situer la notion de Cité, telle qu’Aristote la décrit dans son texte par rapport à cette triple distinction nous fait réaliser assez vite qu’elle tient davantage de la société et de l’Etat que de la nation. La rivalité entre les cités était historiquement forte et efficiente à l’époque d’Aristote mais ce n’est pas ce qui l’intéresse ici. Quand il évoque l’homme isolé, s’exilant volontairement de sa cité, il le décrit comme « passionné de guerre » en omettant volontairement de préciser que c’est le plus souvent de son appartenance à telle ou telle cité que viendra son entraînement et sa condition de guerrier. C’est là probablement une objection que Rousseau aurait pu formuler à son encontre mais on perçoit bien, de ce fait, le sens qu’Aristote donne à la cité. Il ne nous parle pas de ce sentiment d’appartenance tout à la fois matriciel et nourricier à une « mère patrie » mais de ce que l’homme gagne à s’associer, à s’organiser dans une collectivité encadrée par des lois de la même façon que la nature et le cosmos décrivent un Tout harmonieusement réglé. Historiquement la nation est un concept latin qui vient de natum. « Natio » désigne les petits d’une même portée, un peu comme Romulus et Rémus allaités par la Louve. On cherche en vain dans l’Illiade des références à un conflit ethnique. C’est simplement une guerre entre cités provoquée par un événement : l’enlèvement consenti d’Hélène par Paris.

[1] Il est discutable, voire complètement faux de parler d’amour pour qualifier notre rapport à l’Etat, lequel est avant tout « une machine » administrative mais en même temps, la référence fondamentale de l’Etat à l’universel explique et rend parfaitement compte de la notion de « Service Public ». Les organismes allouant des subventions, indemnités, services présupposent dans son rapport à la citoyenneté une considération de l’humain, certes dépourvu de toute sentimentalité mais prenant en compte la notion d’universel. C’est à ce titre qu’il faut envisager la référence très contestable à la notion d’Agape

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